Nous sommes souvent notre premier ennemi
Certains coachings reposent sur la même problématique. La personnalité perfectionniste des managers les a conduit à un épuisement proche du burn out. Les grilles de lecture classiques sur la souffrance au travail incriminent systématiquement les entreprises et leurs dirigeants dans la pression induite génératrice de stress pour les équipes. Ce que l’on dit moins, c’est que nous sommes parfois nous-mêmes les premiers acteurs de cette pression. Les deux facteurs sont évidemment liés. C’est bien parce que mon environnement est exigeant en terme de performance que ma propre exigence de qualité peut être dangereuse pour mon bien être au travail.
Les racines du mal
Notre exigence sur la qualité du travail rendu peut s’échelonner à 3 niveaux :
- 1er niveau : le niveau de conformité. Il s’agit du niveau minimum requis pour être crédible dans une fonction ou une mission. Par exemple, je dois envoyer une proposition commerciale à un client, le niveau de conformité sera de lui envoyer une offre lisible avec un budget clair et un délai pour l’intervention ou la livraison.
- 2ème niveau : l’excellence. Cette fois je peaufine ma proposition pour en faire un beau document qui donne envie d’être lu et qui véhicule une image pro de ma société.
- 3ème niveau : la sur-qualité. Si je passe dix minutes à choisir la couleur d’un élément graphique de ma proposition en hésitant entre deux nuances de bleu, je suis clairement en train de perdre ces minutes car le choix de cette nuance de bleu n’aura aucun impact sur la décision finale de mon client.
Un poison pour les autres
Cette exigence exacerbée est déjà néfaste pour son auteur mais elle peut devenir un véritable poison dans une relation managériale. Combien d’entre nous ont été fauchés en plein vol dans leur motivation par la remarque d’un chef obsédé par un micro détail d’un projet ou d’une mission ? Je ne parle pas des recadrages légitimes concernant des erreurs importantes mais bien des reproches sur des broutilles qui infantilisent la relation.
Les clés pour sortir du profil perfectionniste
Clé 1 : Traquer les flagrants délits de sur-qualité
Reconnaître quand l’obstination de perfection n’apporte aucune plus value sensible à notre mission. Le syndrome nuance de bleu.
Clé 2 : Apprendre à lâcher prise
La recherche permanente de perfection induit une tension interne source de nombreux dérèglements. Il s’agit avec cette clé de se reconnecter à un état détendu pour (re)trouver le goût de l’absence de tension et donc aimer lâcher prise.
Clé 3 : Arrêter de culpabiliser
Etre capable de rentrer chez soi après une journée de travail même si tout n’est pas fini. On pourrait continuer non stop 24h sur 24. Le problème du perfectionniste est qu’il trouve toujours un dossier ou un sujet à terminer.
Clé 4 : Accepter la pluralité des méthodes
Faire la différence entre un résultat à obtenir et la méthode pour y parvenir. Le perfectionniste est parfois très attaché à sa manière de faire et accepte mal les voies alternatives.
Clé 5 : Pratiquer l’autodérision
Rire de soi-même et sa tendance psychorigide est la preuve d’une saine lucidité. Cela permet également de récupérer un capital sympathie auprès de son entourage.
« Le bonheur n’est pas dans la recherche de la perfection mais dans la tolérance de l’imperfection. » Yacine Bellik